Zahra Hakim (IR, 1983)
Période de résidence : septembre-novembre 2024
Lorsque j’ai envoyé ma candidature pour une résidence à La Becque, ma proposition initiale était de créer un jardin avec des céramiques et des pièces sonores inspirées par les souvenirs familiaux de la guerre, les jardins perdus et la nature. Cependant, en arrivant ici un an plus tard, la nature à couper le souffle m’a donné le sentiment que j’avais déjà trouvé cet espace « perdu ». Entourée du lac, des montagnes, des saules pleureurs et des oiseaux, j’ai passé des heures à méditer, à observer et à me connecter profondément avec mon moi intérieur. Pour la première fois, je me suis sentie en harmonie avec la nature – le lac, le soleil, les nuages et la vie autour de moi.
Cette expérience a inspiré un nouveau projet : une vidéo explorant l’enfance, la mémoire, l’attachement et la perte. Avec mon équipe, nous avons commencé à travailler avec deux enfants pour évoquer ces thèmes. J’ai également enregistré des conversations avec des ami·e·x·s sur leurs souvenirs d’enfance, leurs maisons et leurs émotions afin de les intégrer au film.
Avant de partir, j’ai collaboré avec un artiste qui avait perdu son jardin à cause du développement urbain. Ensemble, nous avons planté certaines des plantes et des graines qu’il avait récupérées dans le jardin de La Becque. J’ai également commencé une série de sculptures en bois inspirées par les vues de mon appartement, en établissant des liens avec ma propre enfance.
Ma résidence a été transformatrice. Elle a approfondi mon lien avec la nature, inspiré de nouveaux projets et permis de nouer des liens avec d’autres résident·e·x·s en partageant des repas et des conversations. La Becque m’a donné de l’inspiration, une profondeur émotionnelle et des liens humains significatifs – une expérience que j’emporterai avec moi dans le futur. — Zahra Hakim
Vivant et travaillant depuis 2011 à Genève, l’artiste visuelle Zahra Hakim (née en 1983 en Iran de parents irako-iraniens) est titulaire d’un master en pratiques artistiques contemporaines (Work.Master) de la HEAD – Genève. Ayant vécu le conflit entre l’Irak et l’Iran durant les premières années de sa vie, son expérience personnelle et son regard sur le monde sont fortement marqués par la mémoire de la guerre et par les nombreux déplacements qui s’en sont suivis. Autodidacte dans sa pratique artistique, Hakim explore les questions d’appartenance, de résistance, de continuité, de soins et de féminité à travers ses souvenirs, ses rêves et ses observations. En utilisant différents médiums tels que la céramique, la peinture ou le tissage, ses installations articulent la plupart du temps des objets et des artefacts dans des lieux qu’elle aménage pour imaginer un nouvel espace de vie, bienveillant et sécurisant mais voué à disparaître.
Zahra Hakim, La Becque, 2024, photo Matthieu Croizier et Zahra Hakim