Virginie Laganière (CA, 1977) & Jean-Maxime Dufresne (CA, 1973)
Période de résidence: mai – août 2021 / juin – août 2022
Par l’entremise d’une méthodologie combinant recherche, documentation sur le terrain et démarche spéculative, notre projet La Montagne radieuse explore des conditions associées au legs de la modernité qui façonnent l’identité complexe des Alpes suisses. Notre travail cherche à déployer un imaginaire de la montagne entre transformations du paysage, occurrences technologiques et vertus thérapeutiques des milieux alpins. Chevauchant la réalité documentaire, la fiction et la pensée conceptuelle dans un travail de l’image et du son, notre projet en résidence procède par étoilement pour explorer la myriade de facettes anthropiques par lesquelles nous entrons en relation avec la montagne. S’y enchevêtrent la nature, les technologies, l’architecture, l’histoire, l’hydrologie, la santé, la spiritualité et le bien-être dans une hétérochronie mêlant des échelles de temps humain, glaciologique et géologique. Les forces radiantes relatives au rayonnement solaire, aux ressources énergétiques et au magnétisme terrestre constituent un arc narratif qui réunit les différents chapitres du projet.
Lors de la première phase de résidence (2021), un travail de repérage, de tournage et d’enregistrements sonores en différents lieux a mené à la réalisation de chapitres vidéographiques et d’expérimentations photographiques, en sondant le milieu précarisé du Glacier du Rhône ; les infrastructures énergétiques et les vastes ouvrages hydroélectriques de Grande Dixence / Nendaz-Bieudron ; les utopies et rituels associés au corps et à l’esprit au Monte Verità, Ascona ; la géographie curative liée aux sanatoriums (Davos et Leysin) et la grotte de AION A, une pierre aux vertus médicinales, à Würenlos. La préparation de matériel pour les Open Studios a joué un rôle catalyseur dans le développement du projet, soutenu par nos conversations avec l’équipe de La Becque.
Durant la deuxième phase (2022), nous avons produit de nouveaux tournages (Glacier de la Plaine Morte, etc.) et établi un dialogue fécond avec scientifiques et chercheurs qui ont contribué au projet dans sa forme vidéographique. À la suite d’un entretien avec le chercheur Guillem Carcanade, nous avons filmé les activités de monitoring sur le Glacier du Rhône d’une équipe de glaciologues du Laboratory of Hydraulics, Hydrology and Glaciology de l’ETH Zurich. La réflexion sur le statut des glaciers s’est approfondie au contact de Jean-Baptiste Bosson, glaciologue et chargé de mission scientifique, Conservatoire d’espaces naturels de Haute-Savoie (ASTERS). Jeanne Della Casa, architecte, et Alexandre Grandjean, anthropologue en sciences des religions, ont offert des clés d’interprétation du Monte Verità, des mouvements de Lebensreform, de l’éco-spiritualité et l’esprit de ce lieu doté d’un magnétisme particulier.
Parallèlement, des collaborations avec les commissaires Gentiane Bélanger et Aseman Sabet ont mené à de premières diffusions du travail au Canada, sous forme d’exposition à la Galerie d’art Foreman de l’Université Bishop’s (Sherbrooke) et de programme spécial au Festival International du Film sur l’Art (Montréal) en collaboration avec MUTEK. En Suisse, des échanges fertiles ont été initiés avec Laurence Bonvin, artiste, photographe et cinéaste, Matthieu Jaccard, historien de l’art et architecte, ainsi que Christophe Guignard, architecte spécialisé dans les environnements numériques.
Pour sa réalisation, le projet a reçu le soutien du Conseil des arts du Canada et du Conseil des arts et des lettres du Québec. — Virginie Laganière & Jean-Maxime Dufresne
Dans leur travail artistique, Virginie Laganière & Jean-Maxime Dufresne s’intéressent
à nos territoires urbanisés et leurs réalités sociales, aux transformations de
l’environnement construit et naturel, ainsi qu’à différentes formes de spéculation sur
le futur, avec une sensibilité particulière pour la psyché humaine et des climats
sociopolitiques. De nature anthropologique et protéiforme, la recherche s’élabore a
priori par un processus d’enquête sur le terrain. Façonnées par un travail de l’image
en photographie et vidéo, de création sonore et de dispositifs sculpturaux, leurs
installations se distinguent par la conception d’environnements in-situ. En brouillant
les repères entre le documentaire et le fictionnel, diverses stratégies narratives sont
préconisées dans l’interprétation du réel en déployant d’autres imaginaires. Outre
leurs pratiques individuelles, ils collaborent en duo depuis plus de quinze ans.
1: La Montagne radieuse
2: Fragile Monument
3: Glacier du Rhone
4: Grande Dixence
5-6: Bieudron
7: Roche alpine
8-10: La Montagne radieuse, Foreman Gallery