Stas Shärifullá (RU, 1984)
Période de résidence : septembre-novembre 2026
Stas Shärifullá, également connu sous le nom de HMOT, est chercheur, artiste sonore et militant pour les droits des peuples autochtones basé à Bâle, né et élevé en Sibérie orientale. Sa pratique s’ancre dans la dimension auditive des cultures turciques, où l’écoute a historiquement été plus valorisée que l’écriture. Elle se déploie sur deux plans : l’étude de la manière dont la musique instrumentale, la littérature orale, l’improvisation et les traditions communautaires ont survécu à la colonisation et au génocide ; et la recherche de voies pour ressynthétiser ces pratiques au-delà du ressentiment, de l’essentialisme ou du nationalisme. Refusant l’opposition entre technologies modernes et formes dites « traditionnelles », Stas Shärifullá cherche à relier les pratiques du passé au présent, en les traitant non comme des artefacts figés mais comme des outils vivants pour la création de communautés, la revitalisation culturelle et l’imagination politique.
Ses œuvres ont été présentées dans des institutions et festivals internationaux de premier plan, parmi lesquels Manifesta 10 à Saint-Pétersbourg, la Fondation Beyeler à Bâle, la Volksbühne, le CTM Festival et le Berghain à Berlin, le Palazzo delle Zattere à Venise, ainsi que le Unsound Festival à Kazan.
À La Becque, Stas Shärifullá explorera la fabrication du quray, flûte traditionnelle bachkire, en combinant impression 3D, travail du bois et matériaux alternatifs trouvés autour du Léman. Le projet prendra la forme d’un atelier reliant la facture instrumentale à des cadres décoloniaux et critiques, questionnant l’éloignement, l’engagement culturel et le décalage entre les conceptions occidentales de la décolonialité et les réalités autochtones. Les participant·e·x·s seront invité·e·x·s à réinventer le quray à travers des techniques de musique assistée par ordinateur et à réfléchir au rôle symbolique du vent dans différentes cultures, ainsi qu’à ses implications coloniales. L’acte de fabriquer l’instrument deviendra ainsi un espace de dialogue et de renouveau culturel.
Stas Shärifullá, photo Philippe Gerlach