Gideonsson/Londré (SE)
Période de résidence: septembre – novembre 2021
En collaboration avec le Centre de chronobiologie, ils ont cherché à explorer les rythmes circadiens en relation avec la lumière orange. La lumière orange a ceci de particulier qu’elle n’agit pas comme un Zeitgeber. En effet, sous une telle lumière, la production de mélatonine reste à un niveau de concentration élevé, comme si on se trouvait dans l’obscurité totale. Dans ces conditions, ils ont demandé à des participant-e-s de rester éveillé-e-s et d’effectuer des tâches. Ils se sont ainsi rassemblé-e-s avec les résident-e-s et le personnel de La Becque, lors de conversations et de performances, entre 3 et 5 heures du matin. Ce laps de temps, pendant lequel la production de mélatonine est à son maximum et la digestion à son minimum, la température du corps diminuant, est connu comme « l’heure du loup » dans le folklore suédois. Durant ces activités, ils ont recueilli la salive des participant-e-s, riche en mélatonine, qu’ils plantaient ensuite dans le jardin. Les plantes sont en effet affectées par la mélatonine et le fait de les traiter avec des hormones leur donne, entre autres, des cycles de croissance plus longs et les rend plus endurantes au stress. Le projet, intitulé Le jardin de la mélatonine, aura ainsi une incidence sur la vie organique du jardin pendant une longue période.
Ils ont ensuite effectué des recherches sur l’histoire de l’horlogerie et plus particulièrement sur les liens entre l’horlogerie et l’anarchisme dans la vallée du Jura, ainsi que sur la façon dont l’artisanat local et la situation géographique ont pu influencer à l’époque les idées avancées par des personnages tels que Mikhaïl Bakounine. Dans cette perspective, ils ont visité différents musées d’horlogerie dans le Jura, le CIRA à Lausanne et le WWW à Saint Imier. Au travers de ces recherches, ils ont ainsi pu rassembler suffisamment de matériel pour de nombreuses années.
Par le biais d’activités artistiques de longue durée, le duo d’artistes Gideonsson/Londré cherche à atteindre des états de dissolution, entre paralysie et extase. Leur pratique comprend des performances, des installations et des interventions constituées de différentes formes d’activités quotidiennes hautement réglementées, qui permettent d’activer différentes perceptions temporelles. Gideonsson/Londré vivent et travaillent à Kallrör, en Suède, et ont reçu un MFA du Royal Institute of Art en 2014.