Ismael Monticelli (BR, 1987)
Période de résidence: octobre-décembre 2019
Le Brésil était une colonie pendant 322 ans, de 1500 à 1822. Pendant cette période, la plupart des comptes rendus sur le pays étaient l’œuvre de voyageurs étrangers. Parmi eux, on retrouve le jeune Suisse allemand, Carl Seidler, débarqué au Brésil en 1826, âgé alors d’à peine 16 ans. Après avoir passé dix ans dans le pays, il retourne en Europe et écrit un livre sur ses aventures sous les tropiques.
La première partie du projet de résidence a porté sur les réseaux sociaux en tant que cadre de création artistique. Ismael a tourné plusieurs vidéos pendant les trois mois de sa résidence. Les vidéos ont ensuite été montées, sous-titrées et postées sur son compte Instagram personnel, à un rythme journalier, pendant les 90 jours de la résidence, comme une sorte de journal de bord visuel d’un voyageur brésilien en Suisse. Tous les sous-titres étaient tirés de passages du livre de Carl Seidler, l’intention de l’artiste étant de trouver des moyens de retourner son récit sur le Brésil pour l’appliquer à la Suisse.
Lorsqu’il était à Rio de Janeiro, Carl Seidler a vu la pièce Guillaume Tell de Schiller, jouée par des Brésiliens au Théâtre impérial. Dans son livre, sa critique est acerbe, soulignant que « ce chef d’œuvre allemand a été tourné en comédie » au Brésil et qu’il est difficile de rire de ce qui, pour lui, « est une comédie jouée par des singes ». Partant de ce constat, la deuxième partie des recherches d’Ismael a porté sur l’élaboration d’une installation qui traitait de la façon dont le Brésil connaissait et s’était approprié l’histoire de Guillaume Tell, la plus célèbre des légendes suisses.
Isamel Monticelli est un artiste brésilien dont le travail traite principalement de l’intersection entre la fiction, l’art et l’histoire, notamment la microhistoire, un courant de recherche qui se concentre sur les destins particuliers des individus pour étudier le monde dans lequel ils évoluent.Travaillant à partir de récits établis, il tente de réorganiser, repenser et présenter ceux-ci d’une autre manière, révélant d’autres facettes qui ne sont pas, ou difficilement visibles. Ces expérimentations ont généré des travaux d’installations, de photographies, d’objets et de vidéos sans que son travail ne soit jamais restreint à une technique ou une catégorie. Après quelques résidence et prix obtenus (Foco Bradesco ArtRio Award, Funarte Prize for Contemporary Art, HTTPpix 2010 Photography Festival), il est actuellement en train de poursuivre un doctorat en Culture et Art contemporain à l’université de l’état de Rio de Janeiro.