Ife Day (HT/FR, 1987)
Période de résidence: janvier-mars 2023
À La Becque
J’ai pu aller du côté du silence, du côté des tissus, du sommeil. J’ai pu fermer les yeux. J’ai creusé différents états de corps : depuis le jeune, l’eau glacé du lac, le froid, les deux pleines lunes, les deux crush non réciproques, les courses à pied de deux heures, les paysages pleins de beauté, les visites de Françoise, les rencontres d’une tendresse extraordinaire, le chant fou des oiseaux à l’arrivée du printemps, les masques de terres, l’eau.
Penser ma pratique
Mon travail de performance est visité par de nombreux axes : poésie, la clinique, le cinéma, l’improvisation, l’installation, le bruitage sonore, la danse. La structure de la démarche se trouve dans le déplacement du récit et sa lecture peut se faire sur de nombreuses strates. Les données, les références historiques, géographiques, artistiques, culturelles font leur route sans parfois avoir de liens immédiats, rapides. L’articulation des perceptions et des trames narratives est dilatée. Je fais appel aux récits fragmentés. Je colle, recolle, coupe, brûle ou noie les morceaux… Au gré du temps. Autrement dit, l’opération du transfert s’inscrit dans l’errance, le mouvement. Développer mon projet « l’odeur des e a u x » et le partager en différents chapitres dont « Dépays » et « Les RetournéeX ».
Dépays
Une expérience oblique qui traite du temps, de la survivance des souvenirs, de la vulnérabilité créative des êtres, du vide. Deux figures pour dire les mondes et inviter à descendre, encore descendre.
Les RetournéeX
Est une fable acide et comique.
Dans un temps quasi suspendu nommé enfance, des êtres métamorphes, un vampire et un·e·x petit·e·x être se retrouvent et se lient afin de vider le réel. Les RetournéeX est une expérience qui tente de transcrire l’absurdité du langage et des symboles : dé-penser les inscriptions sociales des corps. — Ife Day
Ife Day (née à Port-au-Prince) est une artiste performeuse. Elle déplie un univers hybride et choral qui mêle corps de textes, vidéos, installations et danse. Ce terrain de jeu protéiforme devient le lieu où elle peut matérialiser le poétique, le déviant, les textures des détours. Très liée au thème du déplacement, elle interroge les cartographies : physique-invisible, chimique-prosaïque, archaïque-moderne-intemporelle des corps dominés et dominants afin de refléter d’éventuelles possibilités de métamorphoses. Venant des espaces créoles, elle développe avec ce bagage un vocabulaire corporel et spatial qui met en relief les différentes modalités d’aliénation: sociale, politique ou encore familiale.
Vidéo réalisée et éditée par Joel White