Hugo Hectus (FR, 1997)
Période de résidence : juillet 2024
Au cours de cette période de résidence EXECAL, je tenais à poursuivre mon travail de sculpture et d’écriture en valorisant l’environnement de la résidence même. J’ai commencé à concevoir des pièces in situ, en envisageant mon pavillon comme une sorte de tour de contrôle isolée, édifice d’attente et d’obsession, concentrant toute mon attention à l’observation du lac.
En retraçant le parcours des ombres, en observant comment la lumière souligne et reflète certaines surfaces, et en influençant ces phénomènes grâce aux multiples parois coulissantes du pavillon, j’ai réalisé des pièces qui s’activent avec et par le temps, produisant un sentiment d’épuisement à force de se déformer. Comme une idée qui se lève lentement et se déploie au fil de la journée, à la manière dont les ombres s’étirent en pervertissant l’idée initiale. C’est ainsi qu’une sculpture s’érige seule à la verticale, tandis que deux autres anticipent déjà un échec à venir de par leurs verticalités. L’attente est omniprésente, scrutée et amplifiée, marquée par le désir d’un objet de désir qui n’arrivera jamais. C’est une attente sans cesse déceptive, où chaque espoir de retrouvaille est contrecarré par l’immuabilité du lac.
Au milieu de ces éléments, j’ai commencé à écrire quotidiennement en suivant l’évolution de la lumière, puis en concentrant des rayons du soleil à travers diverses surfaces. Ces expérimentations ont donné naissance à une série de « Holed Poems », numérotés et datés en relation directe avec le moment où ils ont été créés. — Hugo Hectus
Hugo Hectus est un artiste plasticien français qui vit et travaille à Paris, dont la pratique vise à déconstruire les modes de communication pour tenter de dessiner une essence autonome et subjective, un nouveau langage sensible. Sa production artistique agit dans une double relation : celle obscure entretenue par l’art et la littérature, qu’il articule sous l’idée de « poésie solide », recherchant à travers ses sculptures l’apparition d’une langue idéale, une langue du désir, peuplée d’autres fantômes culturels, issue de langues anglaise, allemande, italienne et latine. Une langue « en espace », figée dans la matière comme si elle préexistait toute chose, qui lui permet d’écrire sans décrire ni montrer, et construite dans un lexique propre à chaque « Mottogories », sorte de phrases symboliques qui font matière et s’intègrent dans les sculptures mêmes.
Hugo Hectus, La Becque, 2024, photo Matthieu Croizier, Hugo Hectus et Aurélien Haslebacher