Francis Whorrall-Campbell (UK, 1985)
Période de résidence: septembre-novembre 2024
De manière plutôt inattendue, je me suis mise à la céramique à La Becque. J’avais proposé de poursuivre mes recherches sur l’histoire transespèces du traitement hormonal substitutif (THS), mais au lieu de produire un texte sur l’histoire de sur les origines du THS, j’ai réalisé une série de chevaux en argile modelés d’après les jouets « Mon Petit Poney ». J’ai été ravi de pouvoir jouer avec les matériaux et de me laisser aller à une approche plus enfantine de la fabrication d’objets. L’une des conclusions est peut-être le dessin que j’ai fait au début de la résidence et qui déclarait : « HAVE FUN : Desire, Dedication, Devotion, Discipline ».
J’ai également réalisé une série de couteaux en céramique, contenus dans une luxueuse boîte à couverts tapissée de rose. Ceux-ci ont été inspirés par un passage de l’essai de Jean Genet « L’enfant criminel », dans lequel les couteaux en fer-blanc fabriqués par des enfants emprisonnés sont au centre d’une conversation sur la violence réelle et symbolique, telle qu’elle est mise en scène par des objets faits à la main et des fantasmes. J’ai développé ce sujet dans un texte, fixé au mur par un autre vrai couteau. À côté de ces « couteaux symboliques », j’ai également proposé un couteau suisse que j’ai volé et sur lequel j’ai gravé les lettres M.A.V. (en référence au slogan anarchiste « mort aux vaches »). Je suis moins convaincu de la force de ce ready-made, mais je veux attirer l’attention sur lui ici pour considérer les manières dont les objets échouent, et en échouant en tant qu’œuvres d’art (en échouant à être élevés au rang d’œuvres esthétiques), ils fonctionnent peut-être d’une autre manière, plus utile. Il s’agit peut-être du type de « meilleur échec » auquel Samuel Beckett invitait – proche, mais sans cigare. — Francis Whorrall-Campbell
Francis Whorrall-Campbell (néx en 1995) est unx artiste, écrivainx et critique d’art britannique. Travaillant sur le texte, la sculpture et le numérique, son travail entreprend une investigation matérialiste de la subjectivité sexuelle. Guidéx par les recherches sur le passé et le présent de la transition de genre, Francis Whorrall-Campbell s’intéresse aux relations entre la création d’une œuvre d’art et la création d’un soi (sexué) émergeant comme une méthode de réflexion critique sur la façon dont les identités et les désirs se forment en interaction avec le monde et les récits qui les entourent.
Francis Whorrall-Campbell, La Becque, 2024, photo Matthieu Croizier et Aurélien Haslebacher