DOMINIQUE WHITE (UK, 1993)
Période de résidence: mai – juin 2021
Au cours de mon merveilleux séjour à La Becque, j’ai poursuivi mes recherches sur la subjectivité noire, la définissant plus précisément comme la « culture noire » existant en dehors ou au-delà des pièges actuels de l’humain (par son rejet actif de cette catégorisation), comme un objet fongible (ou un sujet instable) qui évalue une identité semblable au cyborg noir (James, J & Costa Vargas, J. 2012). Ce corpus de recherche pose également cette définition de la subjectivité noire comme le déterminant de son propre destin par l’insurrection et la protestation ; un destin qui favorise un futur noir subaquatique influencé par les mythes de la diaspora noire en plus de la nature destructrice et omnisciente de la mer. En particulier, je me suis appuyée sur des références existantes issues de mes recherches, allant du mythe drexciyan (d’après le duo techno Drexciya), qui dépeint une nation noire aquatique sous les vagues de l’Atlantique, au mythe Kalunga (qui décrit l’océan Atlantique comme le seuil entre le royaume des esprits et celui des vivants), en passant par la nature destructrice des ouragans dans les Caraïbes (en particulier la spéculation selon laquelle les ouragans suivent la même route que les navires négriers) et la mer comme entité apatride au-delà du temps linéaire.
Cela s’est manifesté sous de nombreuses formes telles que des dessins (qui ont depuis été transformés en sculptures), de petites expériences, des écrits, des conférences en direct (avec Cassandra Press) et des séquences prises sous l’eau dans le lac Léman. J’ai passé du temps à explorer ces activités entre la bibliothèque, le studio mis à ma disposition et les quelques lueurs du soleil qui m’étaient offertes.
Au cours de cette période, j’ai également passé du temps à produire de façon transfrontalière des œuvres pour une exposition nouvellement commandée à Oslo, en raison des insécurités liées aux restrictions frontalières et d’un délai limité d’installation (en raison du Covid). J’ai produit 39 fragments de trois sculptures qui ont été présentées pour la première fois à UKS à Oslo le 13 août 2021. En plus de ces fragments et avec l’aide de Manon et Pyloo, le composant principal de l’une de ces sculptures, un poteau en acajou plié à la vapeur, a également été produit sur place et expédié à Oslo à temps pour l’installation.
Dominique White (née en 1993) conjugue les théories de la subjectivité noire, de l’afro-pessimisme et de l’hydrarchie avec les mythes nautiques de la diaspora noire en un terme qu’elle définit comme « naufrager/é », à la fois verbe réflexif et état d’être. Ses sculptures démontrent comment la vie des Noirs peut dépasser ses propres limites subjectives et agir comme le phare ou le vaisseau d’une civilisation ignorée, définie comme apatride, un royaume dans lequel le passé, le présent et l’avenir convergent vers un avenir noir. Son vocabulaire visuel active autant les motifs nautiques tels que les voiles détruites, les filets endommagés, les ancres mutilées et les bouées solubles que les matériaux en décomposition ou volatils tels que les feuilles de palmier, le raphia ou l’argile de kaolin.