Bully Fae Collins (US, 1990)
Période de résidence : août 2021 – janvier 2022
Je suis arrivé à La Becque avec l’intention de créer une pièce qui présente le contenu d’un Manuel d’érotisme techno-éco-social. J’ai inventé ce terme pour décrire les flux libidinaux universels et les connexions érotiques omniprésentes qui sont paradigmatiques de notre civilisation globale et industrialisée ; une forme d’érotisme qui transcende les frontières entre homme/animal/machine/micro-organisme/plante/objet/système/corps social. Lorsque j’ai commencé à m’en servir comme d’une incitation à l’écriture, il m’est apparu évident qu’il ne s’agissait pas d’un projet unique avec un début et une fin bien définis et qu’il me pousserait à réévaluer mon processus. Le Manuel d’érotisme techno-éco-social est un objectif à travers lequel je peux voir le monde entier comme un lieu érotique fictif et explorer toutes les relations étranges et complexes qui s’y forment. Il ne correspondait plus à la formule que je m’étais accidentellement créée et que j’avais utilisée pour créer mes œuvres précédentes.
Cette idée a donc donné lieu à plusieurs projets. J’ai créé une série de faux documentaires qui expliquent le potentiel érotique de systèmes, tels que le trafic, et de récits culturels sur l’environnement dans les films. Par l’utilisation d’images trouvées sur Internet et l’ajout d’une voix off, ces faux documentaires prennent l’apparence de documents vidéo piratés, comme un documentaire conspirationniste réalisé par un·eYouTuber·euse quelconque. J’ai créé un instrument terrestre en plantant mon argenterie dans l’herbe autour de mon appartement et en en jouant comme d’un piano à pouces. J’ai créé un essai qui commence comme un examen surréaliste et humoristique d’objets et d’espaces et qui se mêle progressivement à des histoires autobiographiques. J’ai créé un scénario pour un personnage qui représente la planète elle-même, une jeune fille de manga nommée « Earth-Chan », qui exprime son désir de voir la fin du monde.
Bully Fae Collins est unx artiste et performeurx qui vit à Los Angeles, en Californie (US). Au travers de ses performances, iel établit un dialogue avec le public dans lequel iel aborde la difficulté d’exprimer son moi dans un monde idéologiquement restrictif. Après avoir obtenu un BFA du Maryland Institute College of Art en 2012, iel crée plusieurs performances solos qui tournent ensuite en Europe et aux États-Unis. Iel s’installe ensuite à Los Angeles en 2014 avant de cofonder Medium Judith, une compagnie de théâtre expérimental, avec Amanda Horowitz et de coécrire/mettre en scène plusieurs pièces à Baltimore et à Los Angeles. En 2017, Bully Fae Collins est résidentx à la Skowhegan School of Painting and Sculpture où iel commence à développer une œuvre solo, Plight Notions with Shandy, qui sera commanditée par l’Abrons Arts Center de New York. La pièce est également jouée aux Urbaines de Lausanne (CH) et au Donau Fest de Krems (AT). Bully Fae Collins a effectué deux résidences aux PAM Residencies de Los Angeles où iel travaille en tant que programmateurx avec un intérêt particulier pour les artistes expérimentaux.
Photos 2-4: © "Plight Notions with Shandy", Abrons Arts Center, New York City, 2019