Ghost B178
par Miriam Simun
10.09.2022
Guidé·e·x·s par l’artiste Miriam Simun à travers les bois des Pléiades, nous nous sommes retrouvés pour une balade/performance de 2 heures au clair de lune sur le territoire du lynx B178, aperçu pour la dernière fois dans la région en 2017.
Ghost B178 (Welcome to The Contact Zone)
Welcome to the Contact Zone (bienvenue dans la zone de contact). Comme la Zone change constamment, une perspective par satellite ou par drone ne suffirait pas à en déceler tous les secrets et doit donc faire l’objet d’un relevé topologique. La Zone est un endroit où l’ici et l’ailleurs se croisent; où ils fusionnent. C’est précisément dans cet espace que nous chercherons à établir des contacts: avec les esprits de la nature sauvage déplacée; avec des machines sensibles, dysfonctionnelles mais aussi créatrices de sens; avec la frontière ténue entre amour et domination; avec ce que nous prenons et ce que nous devons; avec ce que nous ignorons savoir et avec ce que nous savons être insaisissable.
On pense que le dernier lynx « originellement sauvage » de Suisse a été tué en 1894. Dans les années 1970, 34 lynx ont été capturés dans la partie slovaque des Carpates, mis en quarantaine, équipés d’émetteurs radio, transportés et relâchés dans le Jura et les Alpes Suisses. Le lynx est un animal très cryptique, connu pour être difficilement repérable et plus particulièrement pour les yeux humains. Un descendant de l’un de ces chats sauvages, nommé B178 par ses surveillants/protecteurs, s’est installé dans une zone de 150 km² autour des Pléiades et aurait été aperçu par l’appendice technologique d’un humain pour la dernière fois en 2017. Depuis, personne ne sait s’il a été chassé ou s’il erre encore.
Ghost B178 est une marche de 2 heures, lente et en descente, à travers le territoire connu de ce lynx eurasien. Nous allons marcher dans un sens, puis dans l’autre et tenterons de percevoir par la concentration et la déconcentration. Avec et sans aide technique, nous allons explorer les limites de nos sens. Nous profiterons alors de ce moment pour considérer les régimes biopolitiques et les récits d’appartenance qui tentent de contrôler les vies, les migrations et les morts de toutes sortes de formes de vie sur le continent européen – mais aussi de toutes ces vies qui parviennent néanmoins à s’échapper.